Etape 5 - Anuradhapura - Au milieu des temples sacrés
Samedi 11 avril. En selle ! Pas facile de se repérer dans ce labyrinthe de routes qui s'entrelacent dans l'enceinte de la cité royale. Du coup, on y va un petit bonheur la chance. Sur la route, Aurélie croise ses premiers singes en liberté... Qu'elle se rassure, ce ne seront pas les derniers ! A droite toute, en direction de la citadelle**. Le temps de garer les vélos, de comprendre comment on ouvre le cadenas (n'est-ce pas, Aurélie ?), et nous y sommes. Bon, autant le dire tout de suite, le temps n'a pas vraiment épargné le site dont les murs, jadis imposants, ont été engloutis par la terre. Construit en 1070, le palais royal** (qui n'a de royal que le nom...) fut une tentative avortée d'un des derniers souverrains d'associer son nom à la gloire de l'ancienne capitale cinghalaise. On peut toujours se consoler avec les deux beaux gardiens en pierre qui gardent toujours l'entrée du palais, mais le mieux est encore de profiter des vaches sacrées qui circulent librement entre les ruines, sans oublier les singes qui squattent les environs.

De l'autre côté, se dressent les deux autres monuments de la citadelle**. "Dresser", je ne sais pas si c'est vraiment le verbe qu'il faut employer pour décrire l'état de décrépitude du site... Du réfectoire de Mahapali*, avec son immense écuelle que les serviteurs remplissaient de riz, et du Dalada Maligawa*, sans doute le premier temple de la Dent, il ne reste que des ruines éparses. Rien de sensationnel...

Demi-tour droite, direction le coeur de la cité antique. Enfin, si on la trouve... Pas facile en effet de bien se repérer au milieu de ce lacis de routes. Quelques coups de pédales plus loin, nous voici devant un immense dagoba au blanc immaculé. Dagoba Ruvanvelisaya***. Un mur orné d'une centaine d'éléphants serrés les uns contre les autres en interdit l'entrée. Pour ça, il faut déjà garer nos vélos à l'entrée du site, puis s'acquitter du droit d'entrée. Pas de jupe ou de robe pour mesdames. Ok, Aurélie se change dans une petite guérite puis nous voilà à l'intérieur de l'enceinte. Les éléphants ne sont en fait que des copies des originaux qui dataient de 140 av. J.-C. Vu d'extérieur, c'est plutôt impressionnant même si son dôme ne mesure plus que 55 m de haut après avoir été sérieusement raboté par les attaques des envahisseurs indiens. Surtout ne pas chercher une entrée... On ne pénètre pas dans un dagoba. Cette cloche géante se dore au soleil du Sri Lanka depuis deux millénaires, construit par le roi Dutugemunu qui mourut une fois son chef-d'oeuvre achevé... En attendant, il fait une chaleur incroyable. Chaussures interdites et le sol est brûlant ! Impossible de marcher, et encore moins de rester sur place. Aurélie a prévu le coup avec sa paire de chaussettes, moi non... Du coup, faire le tour de ce fichu dagoba est un martyr ! Mes pieds brûlent. Je profite de chaque morceau d'ombre pour les soulager. Autour du monument, c'est une course incessante. Nul ne peut rester en place s'il ne veut pas avoir ses pieds brûlés... Ok, je me repose un peu à l'ombre de la guérite du gardien, je bois un coup et j'improvise. Mon jean resté à l'intérieur de mon sac à dos me servira de tapis. Technique imparable : je cours dix mètres, je lance mon jean part terre et je saute dessus ! Merde, elles sont où les caméras ? J'ai comme l'impression que je participe à une télé-réalité... Après vingt bonnes minutes de sauts de canard, la visite est terminée. Je ne demanderai pas mon reste, c'est clair. Les Pak-Pak autour de moi sont morts de rire en louchant sur mes pieds cramoisis... Quelque chose me dit que je suis le gringo du jour perdu au milieu des Pak-Pak. "Ok, Aurélie, on file voir l'arbre de Bodhi."
Mes pieds cramés retrouvent leurs tongs... La vie est belle ! J'ai bien cru me consumer sur place autour de ce fichu dagoba. La prochaine fois, c'est sûr, je porterai des chaussettes... Sauf que la prochaine fois, c'est au bout du chemin : l'arbre de Bodhi. Entre les deux temples, une longue allée plus ou moins ombragée permet de relier à pied les deux sites. Des vaches sacrées paissent tranquillement dans l'herbe grasse. Des macaques colonisent les branches des arbres.

Au bout du chemin, voici donc l'arbre de Bodhi***. C'est ici que bat le coeur d'Anuradhapura. Théâtre de cérémonies religieuses, il abrite les reliques du site datant du IIIe s. avant J.-C. au XIe siècle. Bon autant le dire tout de suite, la perspective de me griller de nouveau les pieds sur le sol brûlant me freine un peu. Après m'être installé sur une chaise en attendant qu'Aurélie finisse son tour, je finis par céder à la tentation... Tant pis pour mes pieds ! L'arbre de Bodhi constitue le centre spirituel d'Anuradhapura. Il a poussé à partir d'un rameau provenant de Bodhgaya, en Inde, et serait le plus vieil arbre du monde, soigné par des gardes depuis plus de 2000 ans. Du coup, autour de l'arbre et du temple qui l'encadrent, une foule de dévots vient déposer là des offrandes. Bon, pour la petite histoire, ce serait la soeur de Mahinda (qui introduisit les enseignements de Bouddha au Sri Lanka) qui aurait apporté dans ses valises le fameux rameau originel. En fait, il est vraiment difficile de se faire une idée de l'arbre en question, caché qu'il est par le temple qui l'enserre. Des drapeaux de prière sont accrochés à des fils tendus depuis le sommet de la structure. Effets de couleurs garantis ! Tout autour, les dévots prient et psalmodient des prières. Pas vraiment le temps d'écouter ce qu'ils ont à dire... Le sol brûle encore sous mes pieds !


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